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Naufrage

      C'est pas comme si j'avais fait naufrage qu'une seule fois. Qu'j'avais jamais eu le cœur en lambeaux. À force ne reste plus grand chose a recoudre. Plus beaucoup de matière à l'organe. Puis faut s'décider le laisser là et en crever ou encore un peu plus l'assassiner. À chaque coup d'aiguille lui infliger les douleurs de vie. Le picoter comme ces images comme quand on était p'tit pour en recoudre les morceaux dans ce putride espoir que le temps suffit, qu'un jour s'arrêtent les pluies.

     Et pourtant dans la grande danse des sentiments sur une valse à deux temps du tango des lèvres au cœur solitaire, sous ces cieux je n'oublie. Cette douleur qui ne me lâche pas, cette pute de chienne qui me broie le cœur entre ses doigts, qui me réduit en lambeaux aux coups de ses crocs, qui fait de moi un triste soldat, qui fait des couleurs de la vie des monochromes gris depuis que tu es partie mon infini. Moi qui n'ai plus que mes mots dans ce monde où tout sonne faux, moi qui vogue sur ces eaux des tristes sanglots

©Photographies : Auryn F.  ©Textes : Boyne Christophe

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