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Le sens de la vie
La vie, tu sais, moi, j’y comprends rien. Tu le connais, toi, le sens de cette vie ? Parce que moi, je vois pas. Tu viens au monde et puis tu meurs… Oui, tu meurs. C’est pas comme si tu étais éternel. Ni même que ton temps était infini. Avec le temps, tu sais, tout finit. Même l’infini. C’est une question de temps, à ce que l’on dit. La vie commence dans un cri et puis finit le cœur en millions de morceaux. C’est plus facile, c’est sûr, pour l’autre qui se trouve sous la terre et qui n’a pas à endurer la torture des sentiments de l’infini qui comme cela s’enfuient.
Moralité : quand on est en couple, vaut mieux crever en premier. Elle fait déjà assez baver, la vie, t’sais. Faudrait pas en rajouter. Mais elle te donne quand même des rêves. Faut la faire travailler, la machine à lessiver les idées. Pour mieux diriger, pour mieux réformer jusqu’à nos origines. Nous déformer. Sur le champ de nos cultures, y déposer son inculture. Y déverser ses tas d’ordures. Elle t’apprend ce qui est bien, ce qui est mal. Te donne des leçons de sa morale, la grande dame.
Puis tu vas p’têtre fonder une famille. Puis tu vas lui donner quoi, à ton p’tit ? En lui donnant la vie, tu le condamnes à la mort aussi. Tu le condamnes à l’esclavage. Tu l’éduques à tes pratiques. Tu lui expliques tes principes. Commence le temps du grand essorage. Du grand gavage. Le temps, oui, le temps. Y a un temps pour tout, sauf pour mourir. Tu sais jamais trop quand ça va t’arriver. Tu sais jamais vraiment quand elle va frapper, la mort. La mort qui distribue les clous, qui fait pisser les yeux.
Tu finiras par l’entendre, tu commenceras à la sentir à l’usure de tes membres que tu articules au fil du temps où tu déambules. Déjà plus mort que vivant dès le premier instant, tu gesticules comme un funambule sur le fil illusoire de la vie qu’on te vend. Il faut nous voir nous caresser la rétine au grand vent des communicants. Tellement dépendants de nos chaînes.
De la conformité qui dans le fond et dans la forme te dicte ce qu’il faut être, ce qui est beau, ce qui est laid. Qui te dicte ce que tu peux ou pas faire. Qui t’ordonne de payer ta liberté. Puis si t’es pas content, tu crèves.
Oui, la mort, encore la mort. Pas juste physique mais aussi psychologique dans cette grande hypnose mondiale. Faut les voir, les p’tites fourmis qui ramènent les sous à leur petite reine, si belle petite reine. Faut croire que le peuple aime ça. Puis faut les voir, ces p’tites fourmis si contentes d’avoir des petits papiers pour remplir la panse des actionnaires de nos pensées.
Faut voir comment ils y implantent leurs idées. Comment ils dressent l’envie à nos iris, comme ils s’immiscent aux hémisphères de nos êtres pour nous plaire. Pour nous formater à des images publicitaires. C’est si beau, le paraître.
Et puis, comme si ça ne suffisait pas, comme si ça ne faisait déjà pas si mal en dedans, y a la grande valse des sentiments. T’sais, quand l’autre y s’barre, que ce soit en perdant la vie ou juste par envie. Qu’il te laisse orphelin, le cœur au néant. Qu’il te laisse aux sanglots, qui te fait matelot. Sur ces mers d’orages où se dressent les idées noires. Qui font que d’un coup l’infini lui-même s’enfuit.
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